« Choc des savoirs :
organisation des enseignants en groupes de besoins »,
la position de Div Yezh Breizh
Communiqué de presse du 02.04.2024, par Div Yezh Breizh,
fédération régionale des associations de parents d’élèves de la filière publique bilingue français-breton
À l’instar des spécialistes de la pédagogie et du corps enseignant qui n’ont de cesse d’en souligner les dangers, nous nous opposons à un dispositif qui, selon nous, va à l’encontre de la réussite et de l’épanouissement de l’élève et s’inscrit en contradiction avec l’indispensable Pacte républicain dont l’école publique reste un des derniers piliers et modèles.
En effet :
- créer des groupes de niveaux s’inscrit en contradiction avec les principes d’égalité, de mixité et de réussite pour tous que doit incarner le service public de l’éducation auquel notre réseau est résolument attaché ;
- l’unité d’une classe se construit dans la différence, l’altérité et l’émulation réciproques. L’hétérogénéité, la diversité et la mixité à l’école seront toujours sources de richesse ;
- nous ne pouvons cautionner une démarche qui aboutirait à une différentiation stigmatisante des élèves les moins avancés ; ce qui ne ferait qu’accroître les situations de difficulté et d’inégalité dans lesquelles ils se trouvent.
L’enquête Pisa rappelle l’ampleur des inégalités sociales à l’œuvre à l’école, en précisant que la France est l’un des 6 pays de l’OCDE où l’origine sociale pèse le plus sur les résultats des élèves. Les récents résultats du Diplôme national du brevet (DNB) en témoignent une nouvelle fois : 16 à 17 points séparent le taux de réussite des candidats d’origine sociale « défavorisée » de celui des candidats d’origine sociale « très favorisée » ; par ailleurs 88 % des absents au DNB sont d’origine sociale « défavorisée » ou « moyenne » (source : ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, mars 2024).
Par ailleurs, nous ne pouvons masquer nos craintes que ce dispositif ne vienne pénaliser des milliers d’élèves poursuivant une scolarité bilingue français-breton et que l’enseignement en breton ne serve une nouvelle fois de variable d’ajustement pour pallier le manque de moyens dont souffre l’Éducation nationale depuis de nombreuses années. Rappelons que plus d’un collégien bilingue sur deux du public poursuit son enseignement des mathématiques en breton et qu’il ne saurait être question que, faute d’enseignants brittophones, ces cours soient tenus en français afin de permettre la constitution des groupes de niveau.
Div Yezh Breizh ne conteste aucunement la pertinence de nouvelles méthodes pédagogiques mieux adaptées aux besoins des enfants permettant de lutter contre l’installation durable de la difficulté scolaire. Nous souhaiterions cependant que celles-ci ne soient pas construites dans la précipitation, mais en étroite concertation avec l’ensemble de la communauté pédagogique, les parents et les enfants. À cet égard, la fédération Div Yezh Breizh, forte de son expérience de plus de 40 ans dans le bilinguisme français-breton, rappelle qu’elle est pleinement disposée à participer à cette réflexion fondamentale pour l’avenir et la réussite des élèves.
Les membres du conseil d’administration de Div Yezh Breizh
Qui sommes nous ?
Le réseau Div Yezh, fort de plus d’une centaine d’associations de parents d’élèves poursuivant une scolarité bilingue français-breton (plus d’un élève sur deux), est résolument attaché à un service public de l’éducation ouvert, égal pour tous, favorisant la mixité sociale et permettant à chaque élève, de tout horizon social et culturel, de bénéficier des meilleures chances de réussite et d’épanouissement scolaire et personnel.
En progression ininterrompue depuis sa création en 1982 et avec 10 552 élèves inscrits en filière bilingue sur les 19 961 au total à la rentrée 2023-2024 (soit plus d’un élève sur deux), le réseau public bilingue français-breton est le 1er en Bretagne. Il est présent dans 156 communes proposant une filière bilingue (75 % du total) et enseigné dans 274 établissements scolaires sur les 5 départements bretons. (Rappel : réseau public : 10 552 élèves ; réseau privé catholique : 5 395 élèves ; réseau associatif Diwan : 4 014 élèves.)
sur 1 167 suivent actuellement leurs cours de mathématiques en breton.
C’est le pourcentage de collégiens bilingues du public poursuivant leur enseignement des mathématiques en breton dans l’un des 16 collèges publics proposant cette discipline non linguistique (DNL).
Source : « Notre communiqué de presse div yezh Breizh concernant le Choc des savoirs-faire prôné par le gouvernement », par Eddy Penven, Facebook, 2 avril 2024, 14 h 38.