Réponse au communiqué du 18 juillet 2023
du Bureau fédéral du PCF 64

En réaction à des dégradations matérielles effectuées en Pays basque par des collectifs de mouvance indépendantiste et nationaliste, le Bureau fédéral du PCF 64 a rédigé un communiqué¹, publié ensuite par le journal Liberté². Ce communiqué est ici reproduit intégralement, précédé d’une réponse visant à nourrir la réflexion et à améliorer le vivre-ensemble. Le contenu de cette dernière reste tristement d’actualité.

Le Bureau fédéral du PCF 64, dans son communiqué du 18 juillet 2023, aborde des questions relatives à la langue basque, aux minorités et au nationalisme, mais en livre une analyse particulièrement tendancieuse, qui nécessite donc quelques recadrages.

• Il soutient, au sujet des panneaux de signalisation, que « la République veille à indiquer le nom des communes en français et en basque ». Cependant, la décision d’installer des panneaux de communes en langue autochtone est, en réalité, tributaire de la volonté des élus locaux, nombre de communes concernées ne disposent d’ailleurs pas de panneaux en langue autochtone. Et malheureusement, pour la signalisation sur les routes nationales comme pour l’ensemble des dispositions en faveur des langues autochtones, l’État a, dès lors que les citoyens ne maintiennent pas une forte pression, le fâcheux travers de ne pas respecter ses propres engagements.
• Il voit dans ces panneaux un « espace de liberté » donné à la langue. Cependant, cet espace est bien pauvre s’il se limite aux noms de communes, et s’il n’est pas même étendu, de manière systématique, à l’ensemble de la signalétique.
• Il invoque « des valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté » qui seraient des « conquis sociaux ». On aimerait qu’il défende aussi ces valeurs en matière linguistique, domaine dans lequel rien n’est actuellement acquis. La fraternité ne peut aller de pair avec la négation des droits des minorités, qu’elles soient linguistiques, nationales, ethniques ou religieuses, et l’égalité et la liberté ne sauraient s’effacer en matière linguistique.
• Il prétend que « le PCF et ses militants sont de tous les combats pour défendre le droit des citoyens ». Pourtant, en s’opposant à la possibilité d’une « référence ethnique » dans le droit quelque soit le contexte, il s’applique, au contraire, à soustraire le citoyen à tout un pan du droit international, notamment à la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, portée par les Nations unies.
• Il déclare, au sujet du PCF, que « jamais il ne versera dans le nationalisme ». Mais probablement ignore-t-il avoir intégré le nationalisme linguistique de l’État, puisqu’il défend « la liberté de chacune et chacun des citoyens » concernant l’usage du français, et apparait beaucoup moins libéral lorsqu’il s’agit de langues autochtones.
• Il estime que le nationalisme basque, qui est « d’une extrême violence » selon lui, « doit être combattu ». On aimerait qu’il combatte aussi, et avec la même ardeur, le nationalisme français ordinaire, qui est loin d’être exempt de violence psychologique pour les minorités.

Aussi, il reste légitime d’avancer, relativement aux positions du PCF sur les questions de langues, autochtones et française, et de nationalismes, extra-étatique et étatique, et en paraphrasant le Bureau fédéral du PCF 64, qu’« il y a vraiment deux poids deux mesures ». Au contraire, un observateur attentif, éclairé et faisant preuve d’un minimum d’objectivité s’apercevrait aisément que la situation que connaissent les minorités en France est inévitablement source de tensions.

Par conséquent, plutôt que de stigmatiser une et une seule des parties, et d’innocenter l’État en passant sous silence sa politique résolument hostile aux langues autochtones et son déni de droits vis-à-vis des minorités, il serait préférable de prendre le problème à la racine. Que le PCF et LFI œuvrent à la mise en place d’une politique respectueuse des langues autochtones, ainsi que des minorités, de leurs droits et des droits des personnes leur appartenant, et ces partis pourront alors prétendre agir véritablement pour la paix sociale.

Pau, le 18 juillet 2023

Communiqué
La Fédération des Pyrénées-Atlantiques du PCF
condamne avec la plus grande fermeté les actions violentes menées le 14 juillet
par les collectifs indépendantistes et nationalistes basques U14 et Xubi Gaste.

La Fédération des Pyrénées-Atlantiques du PCF condamne avec la plus grande fermeté les actions violentes menées le 14 juillet par les collectifs indépendantistes et nationalistes basques U14 (14 juillet en français) et Xubi Gaste (debout les jeunes) dans certaines villes et villages du Pays basque.

Nous condamnons d’abord l’action violente qui est d’une lâcheté inexcusable contre la personne en charge de la conduite du petit train d’Hendaye. Nous condamnons ensuite la profanation des symboles de la République comme la mise à terre du drapeau tricolore à Ciboure. Nous condamnons enfin le “tagage” des noms en français dans plusieurs communes du Pays basque. La République veille à indiquer le nom des communes en français et en basque, ce qui donne à cette dernière langue un espace de liberté. Supprimer le nom en français est une attaque contre la liberté de chacune et chacun des citoyens de pouvoir lire le nom de ces communes en français.

Toutes ces exactions ont été commises dans le plus grand mutisme de la préfecture et dans une totale paralysie des forces de police. Il y a vraiment deux poids deux mesures : quand il s’agit d’arrêter des personnes migrantes à notre frontière, le zèle est de mise.

Nous constatons également avec stupeur ce silence des maires des villes et villages concernés par ces dégradations (mis à part le maire d’Hendaye). Ces maires sont des élus de la République, leur mutisme est très inquiétant ! Même constat pour les partis politiques du territoire (mis à part LFI et le PCF).

Pour le PCF, ces méthodes sont l’expression d’un nationalisme qui ne répond en rien aux besoins des populations et de la jeunesse sur la Côte basque, comme tous les nationalismes. L’État français au sens administratif du terme, mais aussi politique, est effectivement malmené par des années de politique de casse des services publics et des conquis sociaux comme des valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté et de laïcité. Le PCF et ses militants sont de tous les combats pour défendre les droits des citoyens, la santé, l’école, les logements accessibles, les transports publics, la culture, pour tous les citoyens, sans référence ethnique.

Jamais il ne versera dans le nationalisme et encore moins dans la manipulation d’une jeunesse à qui l’on fait croire que la solution passe par la division de la République. Le nationalisme basque veut déchirer le tissu de la République en revendiquant un “Pays basque libre”. C’est un projet politique d’une extrême violence. Il doit être combattu sans calcul politicien. C’est un des combats menés par le Parti communiste.

Pour le Bureau fédéral du PCF 64,
Dominique Mêlé.