Justice pour nos langues !

Le bilan de l’enseignement du catalan en 2024
dressé par l’Aplec

L’Associació per a l’ensenyament del català (Association pour l’enseignement du catalan) a tenu, le 5 juillet 2024, sa 41e assemblée générale. L’association a alors fait le point sur l’enseignement du catalan, caractérisé à la fois par une progression du nombre d’élèves qui en bénéficient et par un accroissement critique des manques observés dans une optique de pérennisation de la langue.

Lors de son assemblée générale1, l’Associació per a l’ensenyament del català (Aplec) rapporte que les cours de catalan dans les écoles primaires concernent actuellement 9 000 élèves répartis dans plus de 100 écoles, ce qui correspond à une tendance au développement de l’enseignement du catalan. Mais, la vitalité d’une langue ne pouvant être correctement évalué sans porter une attention particulière au pourcentage de jeunes qui apprennent la langue, l’association révèle aussi combien cet enseignement demeure insuffisant. En effet, en rapportant les chiffres précédents à l’ensemble de la population, il apparait que la situation s’est nettement détériorée en 40 ans.

Le pourcentage de jeunes qui s’initient au catalan en primaire était de 35 % dans les années 1980. Il a chuté de manière significative, pour n’être plus que de 20 % actuellement. Environ 80 % des élèves ne bénéficient donc plus d’aucun apprentissage du catalan, ce qui rend l’avenir de la langue très incertain. Ce chiffre dépasse de loin le seuil fixé par l’Unesco, pour qui une langue peut généralement être considérée comme menacée dès lors que seulement 30 % d’enfants d’une communauté ne l’apprennent pas2.

L’état de l’action publique en faveur du catalan s’est d’ailleurs significativement aggravé ces derniers temps, ce que l’Aplec exprime à demi-mots : « L’enseignement du catalan ne traverse pas une bonne période. » L’association apporte plusieurs éléments montrant que le décalage se creuse entre la réalité de l’offre d’enseignement du catalan, qui souffre de carences dans son développement, et les besoins dans le domaine, qui augmentent notamment sous l’effet de la forte demande sociale. Tout d’abord, « aucune école bilingue n’a été ouverte depuis 12 ans ». Ensuite, « aucun des plus de 150 enseignants bilingues de l’Éducation nationale ne participe à l’initiation au catalan dans les écoles. »

Enfin, l’Aplec relève le « retard que prennent les Catalans par rapport aux Basques, aux Alsaciens, aux Corses », et souligne qu’il y a « urgence à garantir l’avenir du catalan en transmettant la langue aux jeunes générations ». Pour répondre à cet impératif, l’association met en avant l’efficacité à moindre coût : « Le bilinguisme est le seul moyen qui garantit la formation de nouveaux catalanophones sans rien coûter à l’enseignement public. » Aussi, il s’agit, pour l’Aplec, de « prioriser l’ouverture de classes bilingues », et, concrètement, d’œuvrer, dès l’année scolaire 2024-2025, « pour informer les familles des avantages de demander le bilinguisme, pour que les conseils municipaux votent l’ouverture de classes bilingues ou immersives, et pour que soit appliquée la loi Molac de 2021 qui prévoit que toutes les familles puissent avoir accès à l’enseignement bilingue. »

Notes :

  1. « Communiqué de presse: AG : L’Aplec donnera la priorité à l’ouverture de classes bilingues », par l’Aplec, Aplec.cat, 16 juillet 2024.
  2. « Le seuil à partir duquel une langue est considérée en danger », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 21 juillet 2024.